Dans un contexte de transformation numérique accélérée, les données RH sont devenues des actifs stratégiques. Cependant, elles sont aussi de plus en plus ciblées par les cyberattaques. Entre obligations légales, protection des données personnelles et continuité des activités, les services RH doivent repenser leur rôle face aux menaces cyber. Voici les grands enjeux et pistes concrètes pour anticiper les risques.
Les données RH, une cible de choix pour les cybercriminels
Les ressources humaines sont responsables de la gestion de nombreuses données sensibles au sein des entreprises. Ces informations, souvent collectées et traitées de manière centralisée, vont bien au-delà des simples dossiers administratifs des employés. Elles incluent des éléments critiques comme les identités personnelles, les coordonnées bancaires, les informations sur la santé, l’historique des performances professionnelles, et même les données disciplinaires.
Le volume et la nature des informations détenues par les départements RH font d’eux une cible privilégiée pour les cybercriminels. Les menaces peuvent être multiples et variées :
-
Usurpation d’identité : Avec des informations personnelles complètes (nom, adresse, numéro de sécurité sociale, coordonnées bancaires), un cybercriminel peut usurper l’identité d’un salarié et commettre des fraudes financières ou des achats à son nom.
-
Fraudes financières : Les cyberattaques visant les systèmes de gestion des paies, de remboursement ou de virements bancaires sont en augmentation. Les hackers cherchent à modifier les comptes bancaires des salariés afin de détourner des sommes considérables.
-
Atteinte à la réputation : La divulgation de certaines informations personnelles sensibles ou de comportements professionnels peut nuire à la réputation des employés et de l’entreprise. Une fuite d’informations RH peut s’avérer catastrophique pour l’image de l’organisation.
-
Espionnage industriel : Les cybercriminels peuvent également être des acteurs malveillants engagés par des concurrents. En accédant à des informations sur les employés, notamment les stratégies salariales ou les conditions de travail, ils peuvent mettre en place des stratégies de déstabilisation ou obtenir un avantage compétitif.
Ainsi, bien que les services RH soient souvent perçus comme des départements principalement administratifs, ils représentent une porte d’entrée critique pour les cybercriminels, à ne pas sous-estimer.
De nouvelles responsabilités pour les DRH
Face à la montée des cybermenaces, les directeurs des ressources humaines (DRH) ont un rôle central à jouer dans la gestion de la cybersécurité au sein de l’entreprise. La protection des données RH ne peut plus être uniquement sous la responsabilité de la Direction des Systèmes d’Information (DSI). Les DRH doivent être pleinement impliqués dans la définition des politiques de sécurité et la gestion des risques liés aux données sensibles.
Plusieurs responsabilités nouvelles sont ainsi confiées aux DRH :
-
Participer à l’élaboration des politiques de sécurité : Les DRH doivent être impliqués dans la création de protocoles de sécurité qui garantissent la protection des informations personnelles des salariés. Cela inclut la définition des pratiques de gestion des accès et des stratégies de surveillance.
-
Être impliqués dans la gestion des accès et des habilitations : En matière de cybersécurité, l’une des règles de base est de limiter l’accès aux données sensibles uniquement à ceux qui en ont besoin pour leur travail. Les DRH doivent donc jouer un rôle actif dans la mise en place de systèmes d’habilitation, en collaboration avec les équipes IT.
-
Veiller au respect des durées de conservation légale : Les données personnelles des salariés ne doivent pas être conservées plus longtemps que nécessaire. Les DRH doivent mettre en place des mécanismes permettant de respecter les durées de conservation légales des données et de garantir leur destruction sécurisée lorsque ces périodes sont écoulées.
-
Sensibiliser l’ensemble du personnel aux risques numériques : De plus en plus de cyberattaques sont rendues possibles par des erreurs humaines. Les DRH doivent veiller à ce que tous les employés soient sensibilisés aux risques numériques, tels que le phishing, les ransomwares et autres formes de cyberattaques.
En résumé, les DRH sont devenus des acteurs clés de la cybersécurité. Leur implication proactive est essentielle pour assurer la sécurité des données sensibles des employés et, par extension, la protection de l’entreprise contre les risques cyber.
La digitalisation RH : un facteur aggravant ou un levier ?
L’accélération de la digitalisation des entreprises a eu des conséquences considérables sur la gestion des ressources humaines. Les logiciels SIRH (Systèmes d’Information des Ressources Humaines) ont révolutionné le secteur, en permettant l’automatisation des processus administratifs et la gestion à distance des équipes.
Cependant, cette digitalisation a également un revers. En effet, elle a renforcé la surface d’exposition des données RH et, par conséquent, accru les risques de cyberattaques. L’utilisation de logiciels externes, le recours à des services cloud ou encore la gestion des employés en télétravail multiplient les points d’accès aux informations sensibles. Si ces systèmes ne sont pas correctement sécurisés, ils deviennent des cibles privilégiées pour les hackers.
Cela dit, la digitalisation peut aussi constituer un levier pour améliorer la sécurité des données RH. Grâce à la technologie, les entreprises peuvent mettre en place des solutions efficaces pour renforcer la protection de leurs données sensibles :
-
Automatisation des contrôles d’accès : Les logiciels modernes permettent de définir des niveaux d’accès précis et de suivre en temps réel les actions des utilisateurs dans les systèmes RH.
-
Traçabilité des actions dans les systèmes RH : L’enregistrement de toutes les actions effectuées dans les systèmes RH permet de retracer rapidement les mouvements de données en cas d’incident et de détecter toute activité suspecte.
-
Chiffrement des documents sensibles : Les documents contenant des informations sensibles doivent être systématiquement chiffrés afin de garantir qu’ils ne puissent pas être accessibles ou utilisés par des personnes non autorisées.
-
Alertes en cas de comportements suspects : Les systèmes RH peuvent être configurés pour envoyer des alertes automatiques en cas de comportements inhabituels, comme des tentatives de connexion répétées ou des tentatives d’accès non autorisées.
La digitalisation n’est donc pas en soi une menace, mais un défi à relever. En intégrant les bonnes pratiques de cybersécurité dès le choix des outils et la mise en œuvre des processus numériques, les entreprises peuvent transformer cette contrainte en une opportunité pour renforcer leur sécurité.
Les bonnes pratiques à adopter dès maintenant
Pour limiter les risques liés à la cybersécurité, il existe plusieurs réflexes incontournables que les départements RH doivent intégrer dans leur fonctionnement quotidien :
-
Appliquer le principe du moindre privilège : Ce principe stipule que chaque utilisateur ne doit avoir accès qu’aux données et systèmes nécessaires à la réalisation de ses tâches. Cela réduit le risque d’accès non autorisé en cas de compromission du compte d’un utilisateur.
-
Mettre à jour régulièrement les logiciels RH : Les logiciels RH doivent être maintenus à jour afin de corriger toute faille de sécurité connue. Les mises à jour régulières sont essentielles pour empêcher les cybercriminels d’exploiter des vulnérabilités dans le système.
-
Effectuer des sauvegardes sécurisées et testées : Il est crucial de disposer de sauvegardes régulières et sécurisées des données RH. De plus, ces sauvegardes doivent être régulièrement testées pour s’assurer qu’elles peuvent être restaurées en cas d’incident.
-
Sensibiliser les collaborateurs aux attaques types : Les cybercriminels utilisent diverses techniques pour tromper les employés, comme le phishing ou les ransomwares. Les RH doivent organiser des formations régulières pour sensibiliser les collaborateurs à ces risques et les former à adopter des comportements sécurisés.
-
Impliquer la direction RH dans les audits de cybersécurité : Les audits de cybersécurité permettent de vérifier la conformité des systèmes et de détecter les éventuelles vulnérabilités. La direction des ressources humaines doit être impliquée dans ces audits pour garantir que les pratiques de gestion des données respectent les normes de sécurité.
Former les RH à la sécurité numérique : une urgence
L’un des défis majeurs reste la formation des équipes RH à la cybersécurité. Trop souvent, ces dernières sont insuffisamment formées aux enjeux numériques. Or, une fuite de données RH peut avoir des conséquences juridiques graves, en plus de porter atteinte à la réputation de l’entreprise.
Pour y remédier, il est essentiel de mettre en place des formations spécifiques en cybersécurité pour les professionnels des ressources humaines. Ces formations doivent aborder plusieurs aspects cruciaux :
-
Introduction des modules de cybersécurité dans les formations RH : La cybersécurité doit être incluse dans les programmes de formation des RH afin de garantir que ces derniers comprennent bien les enjeux et les bonnes pratiques à adopter pour protéger les données sensibles des employés.
-
Désignation d’un référent sécurité au sein de la DRH : Il peut être judicieux de désigner un référent sécurité au sein de la direction RH, un professionnel ayant des compétences en cybersécurité qui pourra coordonner les actions et veiller à la bonne application des politiques de sécurité.
-
Collaboration étroite entre les RH, le service juridique et l’IT : La cybersécurité est un domaine transversal qui nécessite une collaboration étroite entre les différentes fonctions de l’entreprise. Les RH, les juristes et les équipes IT doivent travailler main dans la main pour garantir une gestion cohérente et sécurisée des données des employés.
La cybersécurité des données RH ne peut plus être considérée comme une simple question technique ou informatique. Elle est devenue un enjeu stratégique majeur pour la protection des employés, de l’entreprise et de sa réputation. Les directeurs des ressources humaines doivent intégrer la cybersécurité au cœur de leurs pratiques et de leur stratégie globale.
En prenant des mesures concrètes pour protéger les données RH, les DRH contribuent à renforcer la confiance des salariés et la résilience de l’entreprise face aux cybermenaces. La gestion des risques numériques devient un pilier central de la gestion des talents, et les entreprises qui intégreront pleinement cette dimension dans leurs processus seront mieux armées pour faire face aux défis futurs.
Et vous, votre service RH est-il préparé ?
ADC propose des formations pratiques pour les professionnels RH sur la sécurité des données, la gestion des risques numériques et la conformité. Contactez-nous au (+225) 27 22 202 762 – 07 78 85 16 08 ou par email à info@afdevco.com .